„Kleines Land“
„Petit Pays“

von Gaël Faye, erschienen im Piper Verlag, 2017

Puis il me faisait replonger, tête la première, avec une rage qui me paralysait les os. Tout était flou. Mes mains s’agitaient désespérément, cherchant en vain à se raccrocher à quelque chose : une branche, une bouée, un espoir… Je griffais le sol de mes ongles comme pour trouver une autre issue, une trappe dérobée au fond de la rivière. L’eau s’infiltrait dans mes oreilles, dans mes narines. Et la voix continuait en sourdine. Elle était si douce en comparaison de cette étreinte qui me maintenait sous l’eau. « Bandes d’enfants gâtés, je vais vous apprendre les bonnes manières.2 En plus de m’étouffer, Francis cherchait à m’assommer. Mon front cognait le sol. Mon unique instinct était de trouver de l’air au plus vite. Où était-il ? Mes poumons suffoquaient, se ratatinaient sur eux-mêmes. Mon cœur palpitait d’effroi, cherchait à s’échapper par ma bouche. J’ entendais l’écho lointain de mes cris étouffés. J’ »appelais Papa et Maman. Où étaient-ils ? Francis ne jouait pas. Aucun doute, il avait décidé de me tuer. C’était donc ça, la violence ? De la peur et de l’étonnement saisis sur le vif. Il sortait ma tête de la rivière, d’un coup, et j’entendais : « Vos mères sont les putes des blancs ! » Et à nouveau je buvais la tasse. Je perdais mon combat. Doucement, mes muscles épuisés se relâchaient, j’acceptais la situation dans ces dix centimètres d’eau, avec la voix de Francis pour me bercer, je me laissais glisser, imperceptiblement. La peur et la soumission pour moi, la violence et la force pour lui.

(Gaël Faye, Petit Pays, éditions Grasset & Frasquelle, 2016, 217 Seiten)

Dann drückte er mich wieder unter Wasser, Kopf voran, mit einer Wut, die mir das Blut in den Adern gefrieren ließ. Mir verschwamm alles vor Augen. Ich fuchtelte wild mit den Händen und versuchte vergeblich, mich an irgendetwas zu klammern: einen Ast, einen Rettungsring, eine Hoffnung … Dann wieder kratzte ich mit den Fingernägeln am Grund, wie um einen anderen Ausweg zu finden, eine versteckte Falltür oder so. Wasser drang mir in die Ohren und Nasenlöcher. So hörte ich seine Stimme nur gedämpft. Sie klang so sanft, gemessen an dem Würgegriff, mit dem er mich unter Wasser hielt. „Ihr verzogenen Bälger, euch bringe ich noch Manieren bei!“ Anscheinend wollte er mich nicht nur ertränken, sondern auch totschlagen. Meine Stirn knallte auf die Steine. Instinktiv versuchte ich, schnellstens wieder Luft zu bekommen. Aber woher? Mein Herz klopfte mir vor Schreck bis zum Hals und versuchte, durch meinen Mund zu entfliehen. Ich hörte das ferne Echo meiner erstickten Schreie. Ich rief nach Papa und Mama. Wo waren sie? Francis meinte es ernst. Kein Zweifel: Er hatte beschlossen, mich umzubringen. Das war also Gewalt. Angst und Verblüffung hautnah. Francis riss meinen Kopf hoch und schrie: „Eure Mütter sind Weißenhoren!“ Und schon schluckte ich wieder Wasser. Ich war dabei, den Kampf zu verlieren. Meine müden Muskeln erschlafften allmählich, ich ergab mich in die Situation, ließ mich in das zehn Zentimeter tiefe Wasser und in Francis‘ Stimme sinken und ging unmerklich unter. Angst und Unterwerfung bei mir, Gewalt und Stärke bei ihm.

(Gaël Faye, Kleines Land, aus dem Französischen von Andrea Alvermann und Brigitte Große, Piper Verlag, 2017, 223 Seiten)