« Les Chroniques d’une mère indigne – 1 »
« Gleich klatscht es, aber keinen Beifall – Sternstunden des Mutterglücks »
par Caroline Allard, collection Hamac, 2007
Quoi de neuf, docteur ?
Entrevue accordée par un gynécologue à Mère indigne, alors grosse de son deuxième enfant : — Cher docteur, dans votre grande sagesse, dites-moi, m’est-il permis de boire du café pendant ma grossesse ?
— Oui, chère madame. Votre tasse de café matinale ne nuira en rien au déroulement de votre tâche sacrée.
— Ô, grand prêtre de l’utérus, puis-je boire autre chose que du café pendant ma grossesse ? Dans le sens de… Vous savez… Du bon vin qui endort avant que l’amour, etc. ? — Petite coquine ! Cessez de me marteler de ces clins d’oeil à faire fondre un iceberg…
— Cher imam placentaire, vous savez bien que, de nos jours, un rien les liquéfie, les pauvres icebergs.
— Moui. Cela est vrai. Mais pour revenir à nos moutons, chère disciple au ventre prolifique, vous parliez bien d’alcool, je présume ?
— Voui.
— Eh bien, cette substance vous est tout à fait proscrite. J’insiste.
— Vous insistez ?
— Bon, puisque vous insistez, je vous dirai tout. Il arrive à mes consoeurs gynécologues, lorsqu’elles sont enceintes, de lever le coude.
— Noooon ?
— Moui. Un verre à l’occasion, de temps en temps, par-ci par-là. Ne comptez pas sur elles pour l’admettre mais je les ai vues, toutes autant qu’elles sont. Aucune n’a jusqu’à maintenant résisté à un petit muscadet.
— Je sens venir un « Mais ! »
— Mais !
— Je le savais !
— Mais, les trois premiers mois, point d’alcool tu ne prendras.
— C’est que, vous voyez, tant qu’à boire, je préférerais le faire les trois premiers mois, pendant que ça ne se voit pas. Ensuite, lorsque ma silhouette portera le témoignage de mon saint état, la vue d’un verre d’alcool combinée à celle de mon ventre gorgé de vie déchaînera l’opprobre public. Qui me terrifie.
— Soyez encore plus terrifiée des effets que pourraient avoir quelques gouttes du nectar interdit sur le périmètre crânien de vos héritiers, légitimes et autres.
— D’accord, détective de mes entrailles, je vous obéirai. Avant trois mois, point de rien du tout de malsain.
— Bien.
— Sushis ?
— Non merci.
— Je veux dire : puis-je manger des sushis pendant ma grossesse ?
— Ah, ça, non ! J’insiste !
— Vous insistez ?
— Ah, ça, oui ! Vraiment ! Le poisson cru pourrait contenir des platadis virulents qui pourraient gribouler votre bébé dans le conduit substrique et fébriler à tout jamais son aspérus. Extrêmement dangereux.
— Et les probabilités d’un tel griboulage fébrilant se chiffrent à… ?
— Un pourcentage impossible à percevoir à l’oeil nu, mais-qui-veut-prendre-le-risque-c’est-votre-bébé-adoré-et-sans-défense-après-tout !
— Et les Japonaises, elles font quoi ?
— …
— Merci, docteur, pour cette éclairante entrevue. Sayonara.
(Caroline Allard, Les Chroniques d’une mère indigne – 1, collection Hamac, 2007, 244 pages)
Was gibt’s Neues, Doc?
Rabenmutter – zu diesem Zeitpunkt mit ihrem zweiten Kind schwanger – hat einen Frauenarzttermin.
»Lieber Herr Doktor, könnten Sie mir in Ihrer großen Weisheit bitte sagen, ob ich während meiner Schwangerschaft Kaffee trinken darf?«
»Ja, meine Liebe. Ihre morgendliche Tasse Kaffee wird dem Verlauf Ihrer göttlichen Bestimmung keineswegs schaden.«
»O, großer Priester des Uterus, darf ich während meiner Schwangerschaft denn auch irgendetwas anderes als Kaffee trinken? So etwas wie … Sie wissen schon … Griechischer Wein, und wenn ich dann traurig werde …«
»Sie kleines Luder! Hören Sie auf, mich mit Ihren großen Augen so anzuschauen, Sie bringen ja einen Eisberg zum Schmelzen.«
»Großer Imam der Plazenta, Ihr wisst doch, wie das ist: Heutzutage schmelzen die armen Eisberge schon ganz von allein.«
»Hm, ja, das stimmt. Aber um auf Eure Frage zurückzukommen, o fruchtbares Weib, ich nehme an, Ihr spracht von Alkohol, nicht wahr?«
»Jepp.«
»Nun, so muss ich sagen, dieses Rauschmittel ist strengstens untersagt. Allerstrengstens.« »Allerstrengstens?«
»Gut, wenn Ihr es wirklich wissen wollt, dann werde ich Euch die ganze Wahrheit sagen. Es kommt gelegentlich vor, dass meine Kolleginnen, sofern sie selbst schwanger sind, dabei ein Auge zudrücken.«
»Nein! Oder?«
»Hmm doch. Ein kleines Gläschen von Zeit zu Zeit. Glaubt nicht, sie würden es zugeben, doch ich habe sie gesehen, jede Einzelne von ihnen, noch dazu mit meinen eigenen persönlichen Augen. Einem kleinen Gläschen Sherry hat bisher noch keine widerstehen können.«
»Ich ahne ein ›aber‹.«
»Aber …«
»Ich wusste es.«
»Aber in den ersten drei Monaten gilt: Du sollst keinen Alkohol zu dir nehmen.«
»Aber wissen Sie, wenn ich schon trinke, dann würde ich das lieber in den ersten drei Monaten tun, wenn man es noch nicht so sieht. Später wird mein Körper alle Anzeichen für meinen sakralen Zustand erkennen lassen, der Anblick meines lebensgebährenden Leibes wird, in Kombination mit einem Glas Wein, die öffentliche Ächtung provozieren. Das ängstigt mich.«
»Sie sollten noch viel verängstigter sein angesichts der Auswirkungen, die bereits wenige Tropfen des verbotenen Nektars auf den Schädelumfang Ihres Nachwuchses haben könnten, des ehelichen ebenso wie des übrigen.«
»Gut, o Spion meines Innersten, ich werde Euch gehorchen. Die ersten drei Monate kein bisschen was von gar nichts Schädlichem.« »Sehr gut.«
»Sushi?«
»Nein danke.«
»Ich meine: Darf ich während meiner Schwangerschaft Sushi essen?«
»Ach so! Nein, keinesfalls!«
»Keinesfalls?«
»Keinesfalls! Darauf muss ich mit Nachdruck bestehen. Roher Fisch könnte vehemente Hysteriden enthalten, die zu einer Übersynchrosion des embryonalen Entwicklungsstandes führen und die vertektalen Funktionen Ihres Kindes dauerhaft toxieren könnten. Äußerst gefährlich.«
»Und die Wahrscheinlichkeit einer solchen embryonalen Übersynchrosion liegen bei wie viel Prozent?«
»Oh, die Wahrscheinlichkeit ist mit bloßem Auge keineswegs erkennbar, doch wer würde schon gerne ein solches Risiko eingehen, es geht schließlich um Ihr überaus-geliebtes-und-völlig-wehrloses-Baby, nicht wahr?«
»Und was machen die Japanerinnen?«
»…«
»Danke, Doc, für dieses überaus erhellende Gespräch. Sayonara.«
(Caroline Allard, Gleich klatscht es, aber keinen Beifall – Sternstunden des Mutterglückst, traduction du français par Andrea Alvermann, mvg Verlag, 2015, 224 pages)