« Psychologie de la peur – craintes, angoisses et phobies »
« Alles über Angst »
par Christophe André, édition Odile Jacob, 2004
Les crises d’angoisse ont sans doute toujours existé. […]
On peut toutefois se demander si ces peurs liées au sentiment constant d’insécurité, liés à la crainte de mailaises graves, et entraînant peu à peu une agoraphobie, ne sont pas plus handicapantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient autrefois. Notre mode de vie moderne nécessite en effet des déplacemenets très fréquents, comme prendre sa voiture ou les transports en commun pour se rendre au travail ou faire des courses, utiliser l’avion ou le train pour des déplacements professionnels ou des vacances. […]
Mais une autre raison qui pousse les soignants à se passioner pour ce trouble, c’est sa dimension métaphiysique : les paniqueurs sont des patients avec qui on est souvent amené à « discuter philosophie ». Leurs angoisses sur la vie et la mort, la santé et la maladie, l’autonomie et la dépendance, les conduisent – un peu contraints, il est vrai – à réfléchir à tout ce qui est essentiel à l’être humain : le sentiment de perte de contrôle sur son existence, toutes les formes de vertige existentiel, les déchirures dans l’ordre apparent des choses, les prises de conscience brutales de notre fragilité, physique, mentale… D’où leur obsédante conscience du caractère éphémère de la vie, leur peur de la mort et de la folie. Tous les humains portent ces peurs en eux, mais la plupart arrivent à ne pas y penser, ou à ne pas s’affoler en y pensant. Les paniqueurs, eux, ne peuvent l’oublier. D’où comme toujours, leur force et leur richesse lorsqu’ils sont arrivés à dépasser leurs peurs : leur vie peut alors devenir plus pleine que celle de beaucoup de non-phobiques…
(Christophe André, Psychologie de la peur – craintes, angoisses et phobies, édition Odile Jacob, 2004, 366 pages)
Angstattacken hat es schon immer gegeben. […]
Allerdings bleibt die Frage offen, ob die mit ständiger Unsicherheit und der Furcht vor schweren Krankheiten verbundenen Ängste, die nach und nach zu einer Agoraphobie führen, heute nicht hinderlicher sind, als sie es früher waren. Unser modernes Leben fordert häufige Ortsveränderungen von uns, wir müssen das Auto oder öffentliche Verkehrsmittel nehmen, wenn wir zur Arbeit gehen oder einkaufen wollen; für Geschäftsreisen oder den Urlaub brauchen wir das Flugzeug oder die Bahn. […]
Es gibt aber auch noch einen anderen Grund, weshalb Ärzte und andere Heilberufe sich für diese Störung so stark interessieren: ihre metaphysische Dimension. Mit Panikpatienten gerät man häufig ins « Philosophieren ». Ihre Angst vor Leben und Tod, vor Gesundheit und Krankheit, vor Autonomie und Abhängigkeit bringt sie – wenngleich gezwungenermaßen – dazu, über all die Dinge nachzudenken, die für uns als Menschen grundlegend sind: den Kontrollverlust über das eigene Leben, jegliche Form existentiellen Gleichgewichtsverlusts, die Risse in der scheinbaren Ordnung der Dinge. Plötzlich und unerwartet wird ihnen ihre eigene körperliche und geistige Zerbrechlichkeit deutlich, führt zum zwanghaften Bewusstsein der Vergänglichkeit allen Lebens, ihrer Angst vor Tod und Wahnsinn. Jeder Mensch trägt diese Ängste in sich, doch den meisten von uns gelingt es, nicht daran zu denken oder Rhe zu bewahren, wenn solche Gedanken doch einmal auftauchen. Panikpatienten jedoch können nicht vergessen. Ist es ihnen dann aber einmal gelungen, diese Ängste zu überwinden, erlangen sie eine umso größere Kraft und umso größeren Reichtum: Ihr Leben wird sehr viel erfüllter sein als das vieler Nicht-Phobiker.
(Christophe André, Alles über Angst – wie Ängste entstehen und wie man sie überwinden kann, traduction du français par Ingeborg Schmutte, Maria Buchwald et Andrea Alvermann (p. 221-299), Verlag Kreuz GmbH, 2009, 299 pages)