« Le Livre des Baltimore »
« Die Geschichte der Baltimores »
par Joël Dicker, Éditions de Fallois, 2015
Il y eut enfin une grande discussion avec tous les élèves dans l’amphithéâtre sur le thème « Chahut et gros mots ». Hennings parla longuement des valeurs morales et éthiques d’Oak Tree et expliqua pourquoi les chahuts pas plus que les gros mots n’étaient admis dans la charte de l’école. Puis les élèves répétèrent un slogan: « Les gros mots, c’est pas beau ! », à scander s’ils surprenaient un camarade en flagrant délit de grossièreté. Un débat s’ensuivit, où les élèves purent poser les questions qui les taraudaient.
Demandez tout ce que vous voulez, déclara Hennings, avant de décocher un clin d’œil narquois à Hillel et d’ajouter : il n’y a pas de censure.
Une forêt de mains s’éleva dans l’auditoire.
Est-ce du chahut de jouer au ballon dans le préau ? demanda un garçon.
Non, c’est de l’exercice, répondit À condition de ne pas envoyer le ballon dans la tête de ses petits copains.
L’autre jour, j’ai vu une araignée dans la cafétéria et j’ai crié parce que j’ai eu peur, confessa une fille un peu honteuse. Ai-je commis un acte de chahut ?
Non, crier parce qu’on a peur est autorisé. Mais crier pour casser les oreilles de ses camarades est un chahut.
Mais si quelqu’un crie pour faire du chahut et qu’il fait croire ensuite qu’il a vu une araignée pour ne pas être puni ? interrogea un élève inquiet que la loi puisse être contournée.
Ce serait malhonnête de faire ça. Et c’est pas bien d’être malhonnête.
Qu’est-ce que ça veut dire malhonnête ?
C’est ne pas assumer ses actes. Par exemple, si vous faites semblant d’être malade pour ne pas aller à l’école, c’est être très malhonnête. Une autre question ?
Un petit garçon leva la main et Hennings lui donna la parole.
Est-ce que sexe est un gros mot ? demanda-t-il.
L’assemblée retint son souffle et Hennings eut un instant d’embarras.
Sexe n’est pas un gros mot… mais c’est un mot, disons… inutile.
Un brouhaha envahit soudain la salle. Si sexe n’était pas un gros mot, pouvait-on l’employer sans violer la charte d’OakTree ?
Hennings tapa sur son pupitre pour ramener le calme, constatant là un chahut général, ce qui fit immédiatement taire tout le monde.
Sexe est un mot qu’on ne doit pas dire. C’est un mot interdit, voilà.
Pourquoi est-ce interdit si ce n’est pas un gros mot ?
Parce que… Parce que c’est mal. Le sexe c’est mal, voilà. C’est comme la drogue : c’est quelque chose d’affreux.
(Joël Dicker, Le Livre des Baltimore, Éditions de Fallois, Paris, 2015, 480 pages)
Irgendwann gab es in der Aula eine große Diskussionsveranstaltung mit allen Schülern zum Thema »Unfug und schmutzige Wörter.« Direktor Hennings sprach lange über die moralischen und ethischen Werte von Oak Tree und erklärte, warum Unfug ebenso wenig geduldet würde wie schmutzige Wörter. Daraufhin sprachen die Schüler den Spruch nach, den sie rufen sollten, wenn sie einen Kameraden bei einer solchen Unflätigkeit ertappten:
»Schmutziges Wort, pfui, fort!« Die Diskussion endete mit einer Fragerunde.
»Ihr dürft alles fragen, was euch am Herzen liegt«, erklärte Hennings und fügte nach einem spöttischen Blick auf Hillel hinzu: »Hier gibt es keine Zensur.«
Ein Wald aus Händen erhob sich in der Aula.
»Ist es Unfug, wenn man im Innenhof Ball spielt?«, fragte ein Junge.
»Nein, das ist Training«, antwortete Hennings. »Sofern man den Ball nicht seinen Mitschülern an den Kopf wirft.«
»Ich habe neulich eine Spinne in der Cafeteria gesehen und geschrien, weil ich Angst hatte«, erklärte ein Mädchen verschämt.
»Ist das Unfug?«
»Nein, aus Angst zu schreien ist erlaubt. Aber wenn man rumschreit, um die anderen zu ärgern, ist das Unfug.«
»Aber wenn jemand schreit, um Unfug zu machen und hinterher so tut, als ob er eine Spinne gesehen hätte, um nicht bestraft zu werden?«
»Das wäre unredlich. Und man sollte nicht unredlich sein.«
»Was bedeutet unredlich?«
»Dass man nicht für sein Handeln einsteht. Wenn ihr zum Beispiel so tut, als ob ihr krank wärt, nur um nicht in die Schule zu müssen, dann ist das unredlich. Sonst noch Fragen?«
Ein kleiner Junge meldete sich, und Hennings nickte ihm zu.
»Ist Sex ein schmutziges Wort?«
Die ganze Versammlung hielt den Atem an, Hennings wirkte verlegen.
»Sex ist kein schmutziges Wort … aber es ist, nun, sagen wir … unnötig.«
Nun redeten alle wild durcheinander. Wenn Sex kein schmutziges Wort war, konnte man es dann sagen, ohne gegen den Verhaltenskanon von Oak Tree zu verstoßen?
Hennings klopfte auf sein Pult, um wieder Ruhe herzustellen.
Das sei mehr als nur Unfug, stellte er fest, das sei ein allgemeiner Aufruhr, worauf alle sofort verstummten.
»Sex soll man einfach nicht sagen. Es ist ein verbotenes Wort, so.«
»Und warum ist es verboten, wenn es doch kein schmutziges Wort ist?«
»Weil … weil es schlecht ist. Sex ist schlecht, so. Wie Drogen: Sex ist etwas ganz Schlimmes.«
(Joël Dicker, Die Geschichte der Baltimores, traduction du français par Andrea Alvermann et Brigitte Große, Piper Verlag, 2017, 512 pages)