« La petite boutique japonaise »
« Die Französin, die Geisha werden wollte »
par Isabelle Artus, éditions Gallimard édito, 2016
En levant le rideau de fer de la toute Petite Boutique du Quai Malaquais, elle trouva que les bonsaïs tiraient une drôle de tête, elle aurait juré qu’ils se moquaient ouvertement d’elle du haut de leurs 22 cm de zen millénaire. En particulier le vénérable Gaozong Tang que Mme Pichon, la gardienne du 26 quai Voltaire, lui avait confié pendant ses vacances. Qu’il était vilain, lors de cette première rencontre, tout fripé derrière ses feuilles minuscules, tordu dans une posture grotesque de mendiant suppliant qu’on l’achève. Patiemment, Pamela lui avait redonné le goût de vivre.
Elle lui avait lu de longs passages du Plaidoyer pour le bonheur de Matthieu Ricard pour lui redonner l’espoir. La compassion bouddhiste, elle en était sûre, toucherait le cœur de ce déraciné chinois. Elle avait eu raison d’y croire car Gaozong s’était peu à peu redéployé, retrouvant sa prestance d’empereur de la XIIIe dynastie Tang, qui n’est pas la dernière pour ce qui est du niveau du rayonnement culturel de l’empire du Milieu. Le résultat était tellement spectaculaire que Mme Pichon, ravie, prit l’habitude de confier son bonsaï aux bons soins de Pamela.
En réalité, Gaozong déprimait sec dans les courants d’air de la loge du quai Voltaire, en équilibre sur le radiateur, coincé par la cage des perruches qui lui faisaient la tête au carré. Alors, il se recroquevillait, perdait quelques feuilles, juste assez pour inquiéter sa propriétaire, qui le rapportait illico dans la toute Petite Boutique du quai Malaquais.
Pam n’était pas dupe et avait rapidement percé à jour la combine du Vénérable. Elle s’était tue, et cette discrétion avait scellé une sorte de pacte entre eux. Elle prit ainsi l’habitude de confier ses sentiments à Gaozong. Après tout, le prince Charles parlait bien à ses roses.
(Isablle Artus, La petite boutique japonaise, éditions Gallimard édito, 2016, 333 pages)
Als sie den Rollladen des winzigen Geschäfts am Quai Malaquais öffnete, schien ihr, dass die Bonsai merkwürdig dreinschauten, sie hätte schwören können, dass sie sich von ihren zweiundzwanzig Zentimetern tausendjährigem Zen herab über sie lustig machten. Vor allem der ehrwürdige Gaozong Tang, den ihr Madame Pichon, die Hausmeisterin vom Quai Voltaire 26, über den Urlaub anvertraut hatte. Wie hässlich er bei ihrer ersten Begegnung gewesen war, ganz zerknautscht unter seinen winzigen Blättern und in der grotesk verkrümmten Haltung eines Bettlers, der den Gnadenstoß erfleht! Mit großer Geduld hatte Pamela seine Lebensfreude wiedererweckt.
Um ihm die Hoffnung zurückzugeben, hatte sie ihm lange Passagen aus Glück von Matthieu Ricard vorgelesen. Sie war sich ganz sicher gewesen, dass das buddhistische Mitgefühl das Herz des entwurzelten Chinesen berühren würde. Und hatte recht behalten, denn anch und nach hatte Gaozong wieder Haltung angenommen und zur stattlichen Erscheinung eines Kaisers der dreizehnten Tang-Dynastie zurückgefunden, die hinsichtlich der kulturellen Ausstrahlung des Reichs der Mitte nicht die schlechteste war. Das Ergebnis war so spektakulär, dass Madame Pichon in ihrer Begeisterung ihren Bonsai immer öfter in Pamelas Obhut gab.
In Wahrheit fühlte sich Gaozong einfach nicht wohl in der zugigen Hausmeisterloge am Quai Voltaire, wo er, vom Papageienkäfig bedrängt, auf der Heizung stand und ständig von den Vögeln angekreischt wurde. Also krümmte er sich und warf ein paar Blätter ab, gerade genug, um seine Besitzerin zu beunruhigen, die ihn umgehend in den kleinen Japanladen am Quai Malaquais zurückbrachte.
Pam fiel nicht darauf herein, sie hatte den Trick des Ehrwürdigen schnell durchschaut. Aber sie sagte nichts, und diese Zurückhaltung besiegelte eine Art Pakt zwischen ihnen. Irgendwann gewöhnte sie sich dann an, ihre Gefühle mit Gaozong zu teilen. Prinz Charles sprach schließlich auch mit seinen Rosen.
(Isabelle Artus, Die Französin, die Geisha werden wollte, traduction du français par Andrea Alvermann et Brigitte Große, Piper Verlag, 2018, 287 pages)